[Interview] Magali Genoud : « C’est un rôle qui arrive à point nommé dans ma vie de femme »
A l’occasion de la 56ème édition du Festival Off d’Avignon, j’ai pu aller à la rencontre de Magali Genoud, qui est actuellement à l’affiche de La Chambre des Merveille. La pièce se joue du 7 au 30 juillet au Théâtre Actuel à Avignon.
Bonjour Magali, vous jouez actuellement La Chambre des Merveilles au Théâtre Actuel. Pouvez-vous nous présenter la pièce ?
Magali Genoud : La Chambre des Merveilles, c’est le parcours initiatique d’une mère dont le fils a un grave accident et qui tombe dans le coma. Pour ne pas sombrer, cette mère va fouiller dans la chambre de son fils, découvrir son carnet secret, le lire sans sa permission et tomber sur le chapitre des Merveilles qui est un chapitre où il a listé tous les rêves qu’il voudrait accomplir. Et, pour ne pas sombrer, cette mère va se mettre en quête de réaliser tous les rêves de son fils. A travers cette quête, à travers ce voyage, ce parcours initiatique, cette mère va se trouver elle-même. Elle qui avait des convictions profondes au début du spectacle, qui a élevé seule son fils, qui croit en la vertu du travail, va finir par avoir toutes ses convictions qui vont s’ébranler. Le jeu de cartes va être complètement brassé et elle va devoir se rencontrer, savoir qui elle est elle-même au fur et à mesure. Et puis, elle va retrouver sa mère, elle va rencontrer un homme, elle va faire des rencontres parfois cocasses, parfois hilarantes, parfois touchantes, parfois dramatiques.
Pour le public, la pièce est intense (beaucoup sont sortis de la salle avec les yeux humides) mais on suppose que c’est aussi le cas pour vous sur scène ?
Oui. C’est vrai que c’est un fil tendu en permanence. L’idée c’est vraiment de tenir jusqu’à la dernière image, de ne surtout pas sombrer dans un quelconque pathos parce que l’appel de la vie est plus fort et que, s’il y a des moments où l’on a envie de s’effondrer, il faut lutter contre ça. Le seul moment où on a le droit d’ouvrir les vannes, c’est à la toute fin du spectacle.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer le rôle de Thelma ?
Ça va être profondément impudique ce que je vais vous livrer et je n’aime pas trop ça mais c’est la réponse la plus honnête que je pourrais vous faire. C’est un rôle qui arrive à point nommé dans ma vie de femme parce que, à la fois j’ai des points de divergence avec le personnage de Thelma très forts et, à la fois, il y a des choses profondes qui sont communes. Notamment dans son rapport à la maternité, c’est quelque chose qui m’a beaucoup parlé pour le rôle de Thelma, ainsi que le petit côté machine de guerre, bon petit soldat : ça me parle beaucoup dans ma vie, dans ma façon de me gérer, de gérer mon entourage. Donc, je me suis dit que ce rôle tombait comme un cadeau du ciel et que j’allais pouvoir, à ce moment-là, à l’âge que j’ai, pouvoir mettre beaucoup beaucoup de choses personnelles dans ce rôle.
La pièce est adaptée du livre de Julien Sandrel. L’aviez-vous lu avant ?
Non, je n’avais pas lu le livre avant. C’était un vrai désir profond pour pouvoir prendre l’adaptation théâtrale comme un objet théâtral en soi et surtout ne pas avoir de frustrations ou de regrets en me disant : « Ils auraient pu garder ça » ou « Je trouvais que mon personnage était plus étoffé dans le roman ». Je voulais juste aimer cette œuvre là et ne rien projeter d’autres que ce qu’on a à défendre.
La pièce est mise en scène par Jean-Philippe Daguerre. Comment s’est passé la collaboration avec lui ?
Déjà, j’ai envie de vous dire merveilleusement parce que cet homme est assez merveilleux. C’est assez incroyable, c’est un capitaine qui est à la fois fédérateur, bienveillant, bosseur, exigeant, drôle, joyeux, … donc la création s’est faite dans une fluidité déconcertante et ce n’est pas souvent que ça arrive sur une création. Les choses se sont faites dans l’ordre : on a eu le décor au bon moment, on a eu les lumières au bon moment, on a eu la musique au bon moment. Pour les indications de jeu, cet homme voit tout donc il sait exactement quand on va pouvoir être à même de pouvoir recevoir telle ou telle indication : c’est pour cette raison qu’il y a beaucoup de comédiens sur cette planète qui aime travailler avec cet homme. Et moi je le découvre car on n’avait encore jamais travaillé ensemble.
La pièce va-t-elle être reprise à Paris ou en tournée par la suite ?
Oui, la pièce va être reprise au Théâtre des Variétés à partir de fin janvier 2023. Pour les dates de tournées, elles vont dépendre de ce Festival OFF d’Avignon, donc on espère qu’on en aura pleins.
Ce n’est pas la première fois que vous participez au Festival OFF.
J’ai beaucoup travaillé avec Anthony Magnier avec la compagnie Viva. J’ai fait Un fil à la patte, Cyrano de Bergerac et Le dindon avec lui. J’ai travaillé avec Frank Berthier sur L’Attentat, Le Peuple de la Nuit. J’ai fait Le Porteur d’histoires avec Alexis Michalik, ainsi que Le dernier cèdre du Liban avec Nikola Carton. En fait, je fais le festival depuis 2009.
Qu’est-ce que vous appréciez ici ?
J’ai l’âme d’une marathonienne donc j’aime beaucoup le côté sportif de cette aventure, le fait de devoir rester très concentrée pendant un mois, d’avoir une hygiène de vie pas impeccable mais assez irréprochable. On a l’impression qu’on est dans un parc d’attractions et qu’on peut voir nos copains et nos camarades tout le temps mais tout en étant tendus vers cette représentation qui va avoir lieu car il y a des gens qui payent des billets de train, des nuits d’hôtel, des places pour venir nous voir donc il faut qu’on soit les meilleurs possibles.
Avez-vous d’autres projets qui se profilent à l’horizon après le Festival ?
Oui. Je joue dans d’autres spectacles. Je joue dans Le Dindon avec la Compagnie Viva, je joue dans Le dernier cèdre du Liban mis en scène par Nikola Carton, qu’il est en train d’essayer de monter sur Paris. C’est écrit par Aïda Asgharzadeh qui est actuellement sur Avignon avec Les Poupées Persanes. Je suis également dans l’aventure Voyage à Zurich mis en scène par Franck Berthier et je crois que c’est tout. J’espère que je n’oublie rien.
Le festival ne fait que commencer, mais auriez-vous un coup de cœur à partager pour ce Festival OFF 2022 ?
J’ai honte parce que, pour l’instant, je n’ai vu qu’un spectacle car je suis toujours très concentrée les dix premiers jours. En fait, j’ai du mal à voir des spectacles car je ne fais que penser au mien. Après, je me libère. Là, j’ai vu le spectacle de mon tendre ami Régis Vallée, Les Poupées Persanes, et c’était magnifique. Donc je ne vais pas faire de jaloux et je vais parler du seul spectacle que j’ai vu jusqu’à maintenant : c’est Les Poupées Persanes que je conseille vivement à tout le monde.
Pour conclure, je vous laisse le mot de la fin.
J’ai envie de dire que si la vie ne nous rend pas trop aveugle, je pense qu’on peut y voir beaucoup de merveilles.
Un grand merci à Magali Genoud d’avoir pris le temps de répondre à mes questions pour Ciné, Séries, Culture.
La Chambre des Merveilles (1h25)
- Auteur : D’après Julien Sandrel
- Metteur en scène : Jean-Philippe Daguerre
- Avec : Magali Genoud, Marie-Christine Letort, Théophile Baquet, Juliette Behar, Jean Aloïs Belbachir, Romain Lagarde
A l’affiche du Théâtre Actuel du 7 au 30 juillet 2022 à 19h40 (relâches les 10, 17 & 24 juillet). Représentations supplémentaires les 11, 18 & 25 juillet à 15h30.
Résumé : Louis, 13 ans, est dans le coma depuis qu’il s’est fait renverser par un camion. Effondrée, sa mère Thelma découvre qu’il avait caché sous son lit un journal intime dans lequel il compilait toutes ses « merveilles », ce qu’il rêvait d’accomplir dans la vie. Thelma va l’utiliser pour essayer de réveiller Louis : elle va réaliser tous ses rêves pour lui et lui raconter chaque expérience.
De situations cocasses voire loufoques, en rencontres inattendues, Thelma va vivre des journées incroyables, avec l’espoir que chaque étape ramène Louis à la vie… De situation cocasses voire loufoques, en rencontres inattendues, ce spectacle nous remplit de joie et d’espoir.
[…] [Interview] Magali Genoud : « C’est un rôle qui arrive à point nommé dans ma vie de… […]