Au revoir là-haut (31/10/2017)

Un film réalisé par Albert Dupontel

© Photo : Jérôme Prébois / ADCB Films
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Albert Dupontel nous offre un grand film, d’une élégance folle, avec cette adaptation parfaitement réussie du livre éponyme de Pierre Lemaître.

De quoi parle Au revoir là-haut ?

Au revoir là-haut, c’est l’histoire de deux poilus, Edouard Pericourt (Nahuel Perez Biscayart) et Albert Maillard (Albert Dupontel), rescapés des tranchées : le premier, défiguré par un obus, est un dessinateur de génie tandis que le second est un modeste comptable. Tous deux ont en commun de détester le lieutenant-colonel Pradelle (Laurent Lafitte) responsable de l’accident d’Edouard et qui, après la guerre, s’est marié avec la sœur d’Edouard, et s’enrichit sur le dos de l’Etat en organisant le transfert des dépouilles de poilus dans les cimetières militaires d’une manière bien particulière.
Maillard et Pericourt, qui doivent trouver un moyen de surmonter le traumatisme de la guerre, décident de monter ensemble une arnaque aux monuments aux morts, suite à un concours…lancé par Marcel Pericourt, le père d’Edouard, qui pense son fils mort au combat.

Quelques mots sur son réalisateur, Albert Dupontel ?

Albert Dupontel, né le 11 janvier 1964 à Paris, est un acteur, réalisateur, scénariste et humoriste français.
Au revoir là-haut est son sixième long-métrage en tant que réalisateur après Bernie (1996), Le créateur (1999), Enfermés dehors (2006), Le vilain (2009) et 9 mois ferme (2013).

Son avant-dernier film, 9 mois ferme, dans lequel il tenait également un des rôles principaux aux côtés de Sandrine Kiberlain, lui a valu plusieurs récompenses en 2014 dont le César du meilleur scénario original et le Globe de Cristal du meilleur film.

En tant que comédien, il navigue avec bonheur entre les univers de Jacques Audiard (Un héros très discret), de Jean-Pierre Jeunet (Un long dimanche de fiançailles), de Cédric Klapisch (Paris) ou encore de Danièle Thompson (Fauteuils d’orchestre), passant du registre comique (Odette Toulemonde) à celui dramatique (Deux jours à tuer), avant de s’initier à des rôles plus physique (Le Convoyeur) au milieu des années 2000.

Au revoir là-haut
© Photo : Jérôme Prébois / ADCB Films

Pourquoi faut-il aller voir Au revoir là-haut ?

Au revoir là-haut débute par un générique fluide – qui apparaît comme un plan séquence à l’image – qui suit un chien déambulant entre les tranchées et qui guide les spectateurs jusqu’à celle où se trouvent les trois protagonistes principaux : Edouard Pericourt (Nahuel Perez Biscayart), Albert Maillard (Albert Dupontel) et le lieutenant-colonel Pradelle (Laurent Lafitte). Alors que l’armistice est sur le point d’être signée, ce dernier décide de lancer un dernier assaut, dans une séquence qui nous laisse découvrir l’immensité du salaud qu’il est. On se doute qu’un drame va arriver : Pericourt, en voulant sauver Maillard, est visé par un obus et se retrouve avec une partie du visage arrachée.

Si l’introduction apparaît comme une reconstitution historique très réaliste, où l’on peut relever des références notamment à Stanley Kubrick avec Les sentiers de la gloire, la suite du film entraîne le spectateur dans d’autres directions, tour à tour dramatique, lyrique, poétique, voire surréaliste, mêlant rires et émotions à la Grande Histoire, le tout dans une constante ébullition.

Chaque plan respire le cinéma, fourmille de détails avec une mise en scène d’une inventivité constante, usant – et abusant parfois – d’astuces visuelles et poétiques pour retranscrire l’univers d’après-guerre, faisant référence aussi bien au cinéma muet (comment ne pas penser à l’univers de Georges Méliès ?) qu’aux univers de Marcel Carné et Jacques Prévert, tout comme à celui de Jean-Pierre Jeunet (pour lequel Albert Dupontel a joué dans Un long dimanche de fiançailles), notamment avec le recours à la rotoscopie.

A cause de la blessure de Pericourt, qui le prive de parole, le film est placé avant tout d’un point de vue visuel : Albert Dupontel s’amuse avec les reflets et les miroirs dans certaines scènes et nous offre des plans séquences majestueux d’une fluidité incroyable.

Avec ce film, Albert Dupontel démontre une nouvelle fois ses talents de réalisateur, mais surtout de directeur d’acteur. Comment ne pas évoquer l’interprétation magistrale de Nahuel Perez Biscayart dans le rôle d’Edouard Pericourt, privé de parole par l’accident dont il est victime ? Seul des borborygmes sortent de sa gorge et tout son jeu passe par son regard et sa gestuelle. Les masques qu’il crée tout au long du film sont le reflet de son état d’esprit et de ses émotions, tantôt joyeux, tantôt triste. A ses côtés, la jeune débutante Héloïse Balster, 11 ans, tire son épingle du jeu dans le rôle de Louise, la meilleure amie de Pericourt et la seule à le comprendre véritablement. Son rôle et son apparence n’est pas sans faire penser au Kid de Charlie Chaplin, tout comme le personnage d’Albert Maillard nous ramène inévitablement du côté de Buster Keaton et de Charlie Chaplin de par ses costumes et sa démarche.

Au revoir là-haut
© Photo : Jérôme Prébois / ADCB Films

Que faut-il retenir de Au revoir là-haut ?

Avec Au revoir là-haut, Albert Dupontel nous livre ce qui est probablement sa meilleure œuvre. Durant le film – dont on ne voit pas passer les 1h57-, on passe par toutes les émotions et on se laisse entraîner dans les aventures de Pericourt et Maillard sous les traits de Nahuel Perez Biscayart (la révélation de cette fin d’année 2017, où il tenait également le rôle principal dans 120 battements par minute) et Albert Dupontel (qui excelle dans le rôle de Maillard qu’il ne devait pas interpréter au départ). Quant à Laurent Lafitte, dans le rôle du Lieutenant-Colonel Pradelle, il démontre une fois de plus, après Elle de Paul Verhoeven, qu’il excelle dans les rôles de salaud.
Drôle, touchant, émouvant et sincère sont des adjectifs qui pourraient parfaitement résumer ce beau et grand film duquel je suis ressortie enthousiasmée lorsque je l’ai découvert au cinéma.

Au revoir là-haut
© Photo : Jérôme Prébois / ADCB Films

BONUS : Le saviez-vous ?

Au revoir là-haut est l’adaptation du roman homonyme de Pierre Lemaître qui a obtenu le Prix Goncourt en 2013. La suite de ce roman, intitulée Couleurs de l’incendie, est parue le 3 janvier 2018 aux éditions Albin Michel.


Au revoir là-haut (1h57)

  • Réalisateur : Albert Dupontel
  • Scénariste : Albert Dupontel et Pierre Lemaître
  • D’après l’œuvre de : Pierre Lemaître
  • Avec : Nahuel Perez Biscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Niels Arestrup, Emilie Dequenne, Mélanie Thierry, Héloïse Balster, Michel Vuillermoz, …
  • Sortie en salles le : 31/10/2017
  • Sortie en DVD, Blu-Ray & VOD le : 28/02/2018

 

3 commentaires
  1. […] Au revoir là-haut (31/10/2017) […]

  2. Oriane dit

    Bonjour Anne-Sophie,
    Personnellement, je n’ai pas été aussi enthousiaste que toi sur le dernier film de Dupontel ! Bien sûr, il y a beaucoup d’inventivité et un bon rythme mais je n’ai pas été emportée par la dynamique, ni par le personnage de Pericourt, que je trouve un peu lourdaud, très prévisible dans ses réactions. De même, le traitement du personnage de Laffitte m’a paru très surfait, limité à son image de méchant profiteur auquel on ne trouve guère d’ambiguïtés. En revanche, les scènes avec Maillard sont très réussies – très beau travail de costumes et de masques, parfait jeu gestuel de Nahuel.

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