A l’occasion de la 56ème édition du Festival Off d’Avignon, j’ai pu aller à la rencontre de Nicolas Dromard (le comédien principal) et de Marc Pistolesi (le metteur en scène) de Fabien, une pièce de Marcel Pagnol. La pièce se joue du 7 au 30 juillet au Théâtre du Chêne Noir à Avignon.
Bonjour Nicolas, tu joues actuellement dans Fabien au Théâtre du Chêne Noir, une pièce que Marc met en scène. Pouvez-vous nous présenter la pièce ?
Nicolas Dromard : Fabien, c’est la dernière pièce de théâtre qu’a écrite Marcel Pagnol en 1956. C’est une pièce qui traite d’un sujet tout à fait particulier : les violences psychologiques. Tout est parti d’une lecture que j’ai fait de cette pièce en 2017 ou 2018. En fait, cette pièce que je connaissais déjà, s’est révélée à la lecture comme d’abord une comédie – parce que Marcel Pagnol sait toujours nous faire rire sur des sujets graves – et puis surtout sur la problématique qui était traitée. Beaucoup de femmes qui étaient venues assister à cette lecture m’en ont parlé derrière en me disant qu’il fallait absolument montrer cette pièce parce que ça montrait les ressorts de la manipulation et que ça permettait aussi de faire de la prévention.
Marc Pistolesi : Il a tout dit.
Nicolas Dromard : Je n’ai pas dit comment j’ai rencontré Marc (rires).
Marc Pistolesi : Nous, on se connaissait déjà un peu mais je ne connaissais pas Nicolas Pagnol en revanche. Ils sont venus voir Ivo Livi que j’avais mis en scène à Marseille au Théâtre Silvain. On s’est vus après et ils m’ont parlé de ce spectacle. Je leur ai dit que j’allais le lire. Et quand je l’ai lu, évidemment, l’univers forain, l’univers de cirque, ça m’a beaucoup parlé. Je leur ai demandé si je pouvais la monter un peu comme je la voulais et ils m’ont dit : « Oui », que ce soit la compagnie Dans la Cour des Grands ou Nicolas Pagnol. Ils m’ont donné carte blanche sur quasiment tous les points et ils ont toujours répondu présent. C’est comme ça qu’on arrive avec cette forme-là qui fait très théâtre forain, très artisanale et que j’aime beaucoup. Et une équipe que j’aime beaucoup aussi.
On a beaucoup travaillé et tout le monde a donné de sa personne sur ce spectacle. Ils sont neufs sur le plateau, c’est une grosse équipe, il y a un gros décor, ils font beaucoup de choses derrière. On est vraiment dans le concept de l’acteur régisseur : je leur demande beaucoup de manipulation d’accessoires et il y a une belle entraide entre eux. On est vraiment sur une belle équipe qui tourne bien. Et je suis content de ce début de festival parce que j’ai l’impression que le spectacle plait et il ne fait que s’améliorer, se bonifier. Plus ils le jouent, plus ils le comprennent et plus moi je le comprends. Le Chêne Noir nous fait le plaisir de nous réaccueillir puisque c’est chez eux qu’on l’a créé et c’est top car on connait le plateau.
Nicolas, qu’est-ce qui t’a donné envie de jouer le rôle de Fabien ?
Nicolas Dromard : C’est un ensemble de choses. C’est ce qu’on appelle les synchronicités : se retrouver avec une pièce inconnue, un sujet très actuel – mais par coïncidence parce que quand on a fait la première lecture on était avant les événements #MeToo, Nicolas Pagnol, Marc, etc. Tout ça, c’est un mélange de signes qui ont fait que je me suis dit qu’il fallait s’en emparer. Et puis c’est une chance : un Pagnol inconnu, qu’on joue à Avignon, mis en scène par Marc et avoir le rôle principal de la pièce, ça n’arrive pas tous les jours dans une carrière de comédien. Il faut être très lucide. En tant que comédien, quand on a la chance d’interpréter un salaud, on sait que c’est souvent des rôles qui marquent une carrière et il fallait absolument le faire. C’est une vraie chance et je remercie Marc car il m’a accompagné dans la construction de ce personnage, sur le regard, sur la posture, sur la manière de dire les choses. Il a été très clair. Et ça évolue tous les jours : il me dit « Ça, c’est chouette », « Ça, ça l’est moins » donc on est en recherche permanente.
Marc Pistolesi : Il y a de plus en plus de « Chouette ». Ils ont eu une période où je n’arrêtais pas de dire « Ça, ce n’est pas chouette » et puis, là, il y a vraiment beaucoup, chez tous, de choses vraiment chouettes. Il y a tout qui fonctionne et on corrige encore mais sur des petits trucs, sur des temps parce que c’est une partition musicale du début à la fin et il faut qu’ils en respectent les notes, mais parfois ce sont des notes qu’ils amènent eux.
Nicolas Dromard : C’est marrant que Marc dise ça parce que moi qui travaille beaucoup sur l’œuvre de Marcel Pagnol, j’ai toujours dit que Marcel Pagnol écrivait des partitions. Il a cette capacité à alterner le rire, les émotions, sans jamais être lourd, sans jamais partir que dans le rire : ça c’est un écrivain musical. Quand j’ai fouillé dans les archives de Marcel Pagnol avant qu’elles ne partent à la BNF, j’ai découvert que Pagnol, une fois qu’il avait fait ses manuscrits, il faisait faire des tapuscrits et, dessus, il faisait des corrections avec des bouts de papier. Parfois, il lui arrivait de changer un mot pour un autre juste pour la sonorité, juste pour la musique du mot. C’était le même sens, c’était les mêmes images, mais il y avait une musique différente. Et, pour moi, Marcel Pagnol, c’est un musicien et Marc a respecté la musique de Marcel Pagnol qui n’est pas une petite musique, mais qui est une grande musique, qui est vraiment quelque chose de fort.
Marc Pistolesi : C’est ça. Et puis, l’air de rien, Marcel Pagnol qui est marseillais a une musique parce qu’il a un accent chantant. Mais Fabien ne se passe pas à Marseille. Il n’y en a qu’un qui a l’accent, c’est Nicolas donc Fabien a un peu l’accent, mais c’est le seul avec, peut-être, Stéphane le musicien. Les autres, ils n’ont pas d’accent. Ils viennent de l’Est, d’Espagne : il y a des accents mais c’est international car on est dans un cirque. Malgré tout, dans l’écriture, il y a cette musique, il y a ce tempo, il y a ces accents là où il faut les mettre et il y a une musique méridionale derrière. Parfois, je me suis demandé comment le rire pourrait venir sur certaines phrases sans l’accent parce qu’à l’époque, quand c’était Edmonde Franchi qui jouait Milie, elle avait l’accent marseillais. Et il y a des trucs qui marchait sans faire d’effort. Aujourd’hui, la recherche est de savoir comment on peut avoir le même effet avec cette écriture méridionale mais sans y mettre l’accent et ce n’est pas si évident que ça. Il y a des fois où c’est compliqué et pourtant c’est possible. Jour après jour, on se rend compte que, dès que l’on a trouvé la formule, le bon rythme, le bon tempo, ça marche.
Marc, tu disais tout à l’heure que tu avais eu beaucoup de libertés dans ta mise en scène, notamment par rapport à l’univers du cirque. Peux-tu nous en dire plus ?
Marc Pistolesi : Je les ai demandées, on me les a données, je les ai prises (rires). J’ai voulu rajouter des numéros de cirque entre les actes plutôt que de passer par des noirs, afin de créer des ellipses. Les numéros, on les a inventés avec des liens entre chaque acte. Ce ne sont pas des liens francs, mais des liens poétiques c’est-à-dire qu’il y a un peu de ce qui s’est passé avant et un peu de ce qui va se passer après dans ces numéros. Même si on ne le capte pas forcément, je pense que ça rentre dans l’inconscient du public. On met des petites touches, des messages subliminaux. Il y a aussi des libertés dans l’interprétation de ce qu’a écrit Marcel Pagnol, des libertés dans les coupes parce que c’est une adaptation, des libertés sur la distribution du texte entre les personnages. Les monstres n’étaient pas si présents dans l’œuvre originale et, moi, j’avais vraiment envie que toute cette équipe vive, que les comédiens se fassent plaisir. Il fallait juste trouver l’artifice afin de faire exister un peu plus ces monstres. Pour des raisons économiques, 9 comédiens c’est déjà beaucoup sur scène donc on a coupé des personnages et j’ai rajouté le texte de ces personnages aux monstres. L’important, à ce moment-là, ce n’est pas de savoir qui le dit mais pourquoi on le dit. J’ai un peu jonglé avec les mots de Marcel Pagnol. Parfois, j’ai pris des libertés de coupe car il y avait des pavés : ça parle beaucoup Marcel Pagnol et j’aime ça mais, dans ce rythme du cirque que je voulais imposer, ça me retardait un peu. Ce n’est pas ne pas respecter l’œuvre, c’est juste l’adapter. Donc parfois j’ai coupé, parfois j’ai alterné, parfois j’ai créé des dialogues plutôt que d’avoir des pavés de texte.
Ça se passe à la Foire du Trône normalement, mais on a mis ça dans un cirque. Ça se passe dans un appartement, mais j’ai mis ça sur la piste du cirque pour vraiment montrer les choses. Ça se passe à Paris, mais je ne le nomme pas. Quelquefois Nicolas se trompe dans le texte et il dit : « Je vais aller flâner sur les quais de Seine ». Il me met un lieu alors que je ne veux pas qu’il y ait de lieu, je ne veux pas qu’il y ait de temps non plus même si on sait que ça ne passe pas aujourd’hui quand il parle de la couleur par rapport aux photographies, que l’on voit les costumes mais c’est quand même un peu intemporel et on ne sait pas trop où on est parce qu’on est dans ce cirque et dans cette histoire tout simplement.
La pièce n’avait plus été jouée depuis 1956 lors de sa création. Pourtant, son propos est très actuel.
Nicolas Dromard : Je l’avais lu et elle ne m’avait pas accrochée parce que, peut-être que ce qui y était raconté, me dérangeait au fond. Et je n’y avais pas vu la comédie alors que j’aime chez Pagnol la tragédie et la comédie. En fait, c’est quand on en a fait la lecture que je me suis rendu compte que j’avais mal saisi cette pièce. C’est le public qui le révèle parce que ce n’est pas si évident que ça de lire une pièce et de la comprendre par rapport à un roman où on nous guide. Quand on lit une pièce, il faut se faire son propre imaginaire. C’est vraiment parce que le public a ri à gorge déployée dessus que je me suis dit « Tu t’es trompé » et que j’ai tout repris à zéro. A partir de là, c’était évident : j’avais compris la partition.
Nicolas, tu es également membre de la Compagnie La Cour des Grands qui produit Fabien. Peux-tu nous présenter la compagnie ? Et quel est ton rôle au sein de la compagnie ?
Nicolas Dromard : Cette compagnie est dirigée par Emmanuel Fell et Géraldine Bascou. Mon rôle à moi est celui d’un comédien, un peu comme dans Fabien où l’on est comédien régisseur. Il y a environ 22 ans, j’ai créé le concept des randonnées théâtrales et c’est eux qui le développent en tant qu’artistes et producteurs. Moi, j’apporte mon savoir, ma connaissance de l’œuvre de Marcel Pagnol et je fais partie de ceux qui ont la mémoire de la Provence, donc on transmet quelque chose. La compagnie fait des spectacles pour enfants, pour adultes, en randonnées dans les collines, elle fait aussi des interventions dans les villages toujours en déambulation avec beaucoup de proximité. Le principe, c’est toujours de faire plonger le spectateur dans ce qui se passe sur scène. Ce n’est pas de créer la distance comme on peut le faire parfois au théâtre avec la scène et le public. Le but, et c’est ce qui est formidable, c’est que les gens ne sachent pas s’ils ne sont pas au milieu de nous.
Marc, de ton côté, tu mets de nouveau en scène Cabaret Louise cette année. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Marc Pistolesi : Cabaret Louise qui est au Théâtre de l’Alizé à 19h10 revient pour la quatrième année. Comme ça a marché sur les années précédentes, ils se sont dit qu’ils allaient continuer. Et ça fonctionne toujours autant car ils sont assez pleins donc le festival commence bien pour eux aussi.
Nicolas, tu es également l’un des commissaires de l’exposition Pagnol raconte Pagnol au Château de la Buzine.
Nicolas Dromard : Oui, tout à fait. Avec Nicolas Pagnol et Valérie Fédèle, on est tous les trois les commissaires de cette exposition où on a voulu raconter justement cet aventurier du cinéma, cet innovateur, cet artisan et puis l’esprit d’équipe qui finalement se retrouve aussi dans Fabien. Je crois que les qualités de l’équipe de Fabien sont les qualités de l’équipe de tournage qu’avait Marcel Pagnol : c’était des copains, ils étaient capables d’en faire plus que ce qu’on leur demande et toujours avec bonne humeur et avec plaisir. C’est ce qu’on incarne aussi je crois.
Fabien va-t-il être repris à Paris ou en tournée après le Festival ?
Marc Pistolesi : Pour le moment, on n’en sait rien. Effectivement, si on est là c’est parce qu’on a envie d’une tournée. On sait qu’il y a des pros qui viennent, qui vont continuer à venir. On parle de la pièce. Et j’aimerais vraiment qu’on arrive à la jouer à Paris. J’aimerais que des directeurs de théâtre la voit donc on va tout faire pour cela. On est là pour ça. Je sais que notre décor ne rentre pas forcément partout pour le moment mais qui sait, selon la salle… Quand on a joué Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ? au Théâtre Michel, notre décor ne rentrait pas donc on a refait un décor plus petit pour pouvoir faire Paris. C’est à voir, mais est-ce que c’est possible ? Est-ce que ça ne rendrait pas moins bien le spectacle parce que le décor fait partie du lot avec les comédiens, la musique, la lumière, etc. ? Et puis à Paris, souvent, ils ont 2 spectacles : il y en a un autre avant ou après…
Nicolas Dromard : Maintenant, on est capable de le démonter et le remonter en 15 minutes.
Marc Pistolesi : Evidemment, mais s’ils pouvaient être tranquilles et pouvoir arriver, jouer le spectacle et repartir chez eux tranquillement ça serait pas mal aussi parce que c’est bien le théâtre forain mais ça prend de l’énergie aussi. S’ils pouvaient s’échauffer en faisant des squats, ça serait pas mal plutôt que de monter des trucs qui pèsent des tonnes (rires). Ils en font déjà beaucoup pendant.
Ce n’est pas la première que vous participez au Festival OFF, même si toi, Nicolas, tu n’y avais jamais joué. Qu’est-ce que vous appréciez ici ?
Nicolas Dromard : Alors, moi, en tant que comédien, c’est ma première fois à Avignon. Ce que j’apprécie ici, c’est le public qui est présent, qui nous parle, qui a le temps et qui nous fait des retours parce que, souvent, quand on joue et qu’on sort du théâtre, le public n’est plus là et on n’a pas forcément ce lien alors qu’ici, on les recroise dans la rue, ils nous félicitent. C’est cette ambiance finalement de fête et de communion qui me plaisent beaucoup à Avignon
Marc Pistolesi : Moi, c’est l’effervescence. C’est mon seizième en tant que comédien et metteur en scène et j’ai vraiment du mal à m’en passer. Quand je pense que là, par exemple, je n’ai pas de projet pour l’année prochaine… Enfin, si, j’en ai mais il faut que j’en parle. J’espère que l’année prochaine je serais encore là. C’est le mois de juillet, ça dure un mois et il faut que ce soit à fond. C’est un tunnel et il faut se plonger dedans et c’est ça qui me plait en fait.
Là, j’ai pris un jour de pause, c’est la première fois de ma vie que je le fais à Avignon car, même si c’est relâche, on tracte, on parade, etc. Mais là, comme ça faisait déjà une semaine qu’on bossait parce qu’on a eu trois générales, qu’on a commencé le 4 juillet, qu’on a répété pendant dix jours avant et que depuis fin juin on était déjà à fond dedans du coup, je me suis dit : « Qu’est-ce que je fais ? ». On a eu un jour, je suis parti, je me suis posé, je devais coudre un truc finalement je ne l’ai pas fait, j’ai juste fait les retours et j’ai attrapé un coup de soleil et rien d’autre (rires).
Avez-vous eu le temps de voir des spectacles jusqu’à maintenant (ndlr : l’interview a été faite le 12/07) ? Et auriez-vous un coup de cœur à partager pour ce Festival OFF 2022 ?
Nicolas Dromard : Non, pas encore. J’irai après la semaine du 14 juillet. Là, c’est vraiment la grosse semaine. Tout l’enjeu d’Avignon se joue sur cette semaine-là donc on est focus.
Marc Pistolesi : On a retravaillé des scènes et il faut arriver à caler ça entre la parade, les retours et il faut qu’ils soufflent aussi mais le temps nous manque. Moi, j’ai besoin de retravailler des trucs aussi. Là, par exemple, j’ai la machine à fumée qui ne marche pas, donc on se fait avoir sur le numéro de l’oiseau qui ne marche pas et que je n’ai pas encore réussi à voir à Avignon.
Pour conclure, je vous laisse le mot de la fin.
Marc Pistolesi : Encore un festival d’Avignon différent. Il n’y aucune règle dans ce festival. Il est toujours différent sauf que là, par rapport à d’autres festivals, il commence très bien pour nous je trouve. Le public est au rendez-vous. C’est sûr qu’on aimerait encore plus car on voudrait être plein mais on fait tout pour que ça arrive.
Un grand merci à Nicolas Dromard et Marc Pistolesi d’avoir pris le temps de répondre à mes questions pour Ciné, Séries, Culture.
Fabien (1h20)
- Auteur : Marcel Pagnol
- Metteur en scène : Marc Pistolesi
- Avec : Nicolas Dromard, Solange Milhaud, Marie Colucci, Carlotta Moraru, Laure Dessertine, Olivier Cesaro, Jean-Michel Rucheton, Damien D’Andrea et Stéphane Albertini en alternance avec Rémi Cresta
A l’affiche du Théâtre du Chêne Noir du 7 au 30 juillet 2022 à 13h15 (relâches les 11, 18 & 25 juillet)
Résumé : Amoureuse, Milly l’est assurément, totalement de Fabien. Lui le photographe charismatique, adulé par toute la troupe hétéroclite et flamboyante de monstres de foires, de ce cirque hors du temps. Les hommes l’admirent, les femmes le chérissent. Mais quand la porte de la roulotte se referme sur son intimité, c’est un tout autre masque qu’arbore Fabien. Celui d’un manipulateur qui se joue de tous et surtout de toutes. L’arrivée de Marinette, la jeune sœur de Milly, viendra comme dans un Luna Park, jouer les « Chamboule tout ».
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