Un spectacle bouleversant dont on ne ressort pas indemne. Enorme coup de cœur.
De quoi parle En ce temps-là, l’amour…
Z. vient tout juste d’être grand-père. Il se décide alors à enregistrer pour son fils, sur bandes magnétiques, un souvenir gravé à jamais dans sa mémoire : sa rencontre avec un père et son jeune garçon dans le train qui les conduisait aux camps de la mort.
Le temps du trajet, ignorant le chaos qui s’installe de jour en jour dans le wagon, ce père va profiter de chaque instant pour transmettre à son fils l’essentiel de ce qui aurait pu faire de lui un homme.
Pourquoi faut-il aller voir En ce temps-là, l’amour… ?
Comment réussir à mettre des mots sur l’horreur ? En l’occurrence, ici, celle de la déportation qui a fait des millions de victimes. En écrivant cette histoire de transmission entre un père et son fils dans le train qui les amenait à Auschwitz, Gilles Segal y est parfaitement arrivé, sans pathos, mais avec beaucoup de poésie et même une touche d’humour.
Mais, au-delà du texte, la force de la pièce doit aussi beaucoup à l’interprétation de David Brécourt qui nous emmène avec lui dans ce wagon, en nous racontant les sept derniers jours de ce père résigné à enseigner à son fils de 12 ans toutes les choses « essentielles » de la vie comme l’amour, la philosophie, les mathématiques…et même l’humour. Tour à tour, il est Z., le père, le petit garçon, un clown, … Seul sur scène, il nous émeut, nous fait sourire, et offre au public une prestation d’une rare intensité dont seuls les grands acteurs ont le secret.
Grâce à la mise en scène délicate de Christophe Gand – qui a fait le choix de situer l’action dans l’atelier d’horlogerie plutôt que dans le train – nous assistons à l’enregistrement sonore de Z. qui égrène, à la fois précis et hésitant ses souvenirs, dans un rapport au temps omniprésent. Il n’arrête pas de se déplacer d’un bout à l’autre du décor, il s’arrête, repart de plus belle, dans l’urgence de raconter ce souvenir qui s’est pourtant déroulé il y a bien des années en arrière, mais dont il était impossible de parler jusque-là.
La scénographie de Niels Zachariesen, les lumières de Denis Koransky et la musique de Raphaël Sanchez participent également grandement à la réussite et à la force de cette pièce.
Que faut-il retenir de En ce temps-là, l’amour… ?
Il faut absolument aller voir En ce temps-là, l’amour…, un spectacle bouleversant dont on ne peut ressortir indemne. Une leçon de vie, un texte poignant qui, malgré le sujet, ne tombe jamais dans le pathos et qui, par l’interprétation d’une rare intensité de David Brécourt, touche les étoiles…
En complément de cet article, et si vous souhaitez en savoir plus sur En ce temps-là, l’amour…, je vous invite à découvrir l’interview de David Brécourt.
En ce temps-là, l’amour… (1h10)
- Auteur : Gilles Segal
- Metteur en scène : Christophe Gand
- Avec : David Brécourt
A l’affiche du Théâtre Au Coin de la Lune à Avignon du 5 au 28 juillet 2019 à 11h10 (à l’exception des 9, 16 et 23 juillet). Plus d’infos sur : www.theatre-aucoindelalune.fr
[…] Je vous laisse découvrir ce que j’avais écrit au sujet de la pièce en 2019. […]