[Interview] Cartouche et Catherine Marchal : « Le bonheur, il est tout le temps en nous »

A l’occasion de la 53ème édition du Festival Off d’Avignon, j’ai pu aller à la rencontre de Cartouche, qui est actuellement à l’affiche de #DemainJeMeLèveDeBonheur !, et de Catherine Marchal qui le met en scène. La pièce se joue du 6 au 29 juillet au Théâtre Le Palace à Avignon.

Bonjour Cartouche et Catherine Marchal. Cartouche, vous jouez tous les jours à 14h au Théâtre Le Palace votre nouveau spectacle #DemainJeMeLèveDeBonheur ! De quoi parle-t-il ?

Cartouche : C’est un peu les déboires d’un petit garçon malheureux qui va grandir au fur et à mesure avec cette conviction de vouloir être heureux. Et puis, il va transformer des choses, comprendre des choses, et finalement les partager avec le public. C’est ce qu’il a compris lui. Mais, finalement, le bonheur il est tout le temps en nous, il n’est pas ailleurs. Il n’est pas dans l’argent, dans l’amour, il est là. L’idée c’est qu’on doit se lever de bonheur, avec le bonheur.

Est-ce qu’il y a une part autobiographique dans votre nouveau spectacle ?

Cartouche : Je crois que tous nos spectacles le sont. Donc, qu’est-ce qui est vrai ou pas vrai ? Après, ça se mélange. Mais, effectivement, il y a un moment donné dans ma vie, enfant, où c’était super difficile. Et puis, après, il y a un autre moment dans la vie où j’ai dit « Stop, ça suffit. Je veux être heureux comme tout le monde ».

Catherine, vous aviez déjà mis en scène plusieurs pièces de théâtre. Mais un spectacle d’humour, c’est une première pour vous. Avez-vous eu des craintes vis-à-vis de cela ? 

Catherine Marchal : Oui, c’est la première fois. J’avais, non pas des craintes, le mot est peut-être un peu fort, mais en tout cas je n’avais pas la sensation que ce soit vraiment pour moi ce travail là. Et puis, c’est justement ce qui m’a intéressé dans le fait de travailler avec Cartouche, c’est qu’on s’est mis d’accord tout au début pour ne pas faire un one-man-show style stand-up comme on peut en voir beaucoup. Et on avait l’ambition, alors j’espère qu’on y est un tout petit peu arrivé, de faire plus un monologue et un portrait intime. Comme une confession intime plus qu’un one-man-show uniquement basé sur l’humour. On a pas eu peur des moments où on ne rit pas et des moments où on peut même être émus. Et on s’est dit que le mélange allait bien fonctionner avec le thème du bonheur.

D’ailleurs, Cartouche, vous n’êtes pas vraiment tout seul sur scène ?

Cartouche : Oui, il y a un Clark, un Superman un peu muet qui est là à côté de moi et qui intervient de plus en plus. Et qui est génial parce que tout ce qu’il dégage permet de créer vraiment cette intimité et ça, c’est chouette. J’adore. On ne le voit pas mais il gère la musique, il gère le son, la lumière et il joue. Ça fait beaucoup de choses mais on s’amuse bien ensemble. Il est vraiment sympa. Malheureusement, à partir de ce soir, ça va changer parce qu’il est d’origine belge et comme on va le défoncer ce soir, je risque de changer de régisseur dès demain. Je vais essayer de le rassurer, de lui dire que c’est pas grave, que c’est que du foot, mais il va pas trop bien le prendre (ndlr : l’interview a été faite le mardi 10/07, jour de la demi-finale de la Coupe du Monde entre la France et la Belgique).

Cartouche, vous êtes humoriste, mais vous avez également d’autres cordes à votre arc, comme la danse et le mime que votre nouveau spectacle permet de mettre en avant.

Cartouche : Oui. La danse, c’est mon premier métier. J’adore ça. Et je crois que c’est quelque chose qui est en moi. C’est quelque chose qui est très important, tout ce qui est mouvement, mime. J’adore ça.

Et pour vous, c’est quoi le bonheur ?

Cartouche : C’est ça. Ce qu’on vient de partager avec les gens. La danse, le mouvement, le mime et plus tout ce qui est interactif avec le public, j’adore. On a eu un Maxime génial (ndlr : un spectateur choisi dans le public). Et tu vois ce qui est drôle c’est qu’il vient de se marier. Ils sont jeunes, ils ont un côté ringard qu’ils assument. Moi j’adore. Ça, c’est du bonheur. Ils chantent du Larusso ensemble. C’est super beau. Je les ai vu après, on s’est fait des câlins. C’est génial. C’est ça le bonheur. C’est ce partage que j’ai avec les gens, pendant et après. Ça me touche.

Catherine Marchal : Alors, pour moi, le bonheur n’existe pas je pense. Ce qui existe ce sont des instants de bonheur. (Catherine Marchal est interrompue quelques instants par sa voisine de table, une téléspectatrice qui l’a reconnue). Donc voilà, le bonheur n’existe pas, seul des instants de bonheur existent. Et le don qu’on peut essayer d’acquérir pour être heureux, c’est justement de les reconnaître ces instants-là. Dans le spectacle, on essaye de montrer comment on peut les reconnaître. Tout en se moquant aussi des clichés de ce qu’on nous vend, parce que le bonheur c’est très très à la mode, c’est très vendeur. Quand il dit « Je vais à la Fnac, et je vois une tonne de bouquins pour être heureux », ce n’est pas une blague. Il faut aller à la Fnac : il y a je sais pas combien de mètres de livres sur l’épanouissement personnel, sur comment être heureux, etc. Ce n’est pas une invention, c’est la réalité. Et puis on voit les psys comme ils cartonnent. Il y a tout un commerce de ça. Et dans le spectacle on essaye aussi de se moquer de ça.

Catherine, vous avez une autre actualité en ce moment, qui concerne la saison 2 de On va s’aimer un peu, beaucoup. Que nous réserve-t-elle ?

Catherine Marchal : La saison 2 va être diffusée, je pense, au mois de novembre comme l’année dernière. Et il se trouve que dans le festival, on a deux acteurs qui sont dans la saison 2 aussi. Un qui était déjà dans la saison 1 qui est Gil Alma qui faisait un acteur porno et qui revient dans la saison 2. Et on a un comédien qui fait un guest dans un des épisodes qui s’appelle Cartman, et qui joue aussi au Palace. Il va faire un personnage complètement à contre-emploi dans la saison 2.

Dans la saison 2, tout monte en puissance, puisqu’on a fini la saison 1 avec une avocate associée qui est suspendue pendant un an, une autre qui va accoucher. Donc, au départ de la saison 2, mon personnage de patronne de ce cabinet va se retrouver un peu toute seule à gérer tout le monde avec l’arrivée d’un associé dont elle n’a pas vraiment souhaité la présence. Mais elle n’a pas vraiment eu le choix. Cet associé, joué par Moïse Santamaria, alias Kechiouche, va lui causer un peu des soucis et des déboires. Et puis tout va exploser, les vies privées vont exploser. Je ne peux rien dire mais il va y avoir des révélations très importantes. Le passé qui va ressurgir dans le personnage de Sofia, le mien aussi. La naissance d’un bébé, l’histoire d’amour adultère entre Audrey, ma fille, et son amant, va se compliquer beaucoup. Moi, mon amant qui était un homme marié ne l’est plus, il a décidé de divorcer. Est-ce que c’était vraiment une bonne idée  qu’il fasse ça ? Est-ce que ça ne lui plaisait pas mieux quand il était marié finalement ? Enfin, tout va s’emballer.

Et puis on va traiter des sujets super forts dont un que j’ai demandé aux auteurs d’écrire, et ils l’ont fait avec beaucoup de joie et d’implication, sur le sujet de l’autisme. Un enfant autiste dont les parents ne sont absolument pas d’accord sur la façon d’élever cet enfant là. Et c’est un sujet extrêmement d’actualité. C’est justement Cartman qui va jouer le père de ce petit garçon. Et Elsa Lunghini qui va jouer la mère. On a aussi l’arrivée de très beaux guests dans les épisodes. A chaque fois, on a de supers acteurs qui viennent travailler avec nous. Donc, la saison 2, je pense qu’elle va être très très forte…et très drôle aussi.

Et vous, Cartouche, avez-vous d’autres projets après le Festival Off ?

Cartouche : On va préparer la suite. Après le festival, on va se faire un bon petit bilan sur le spectacle. Voir où est-ce qu’on aimerait bien le jouer à Paris. Et puis il y a une préparation d’un film où je suis dessus. Une préparation qui est un peu longue mais qui va finir par aboutir. Là, je suis vraiment concentré sur le spectacle.

Est-ce que vous auriez un coup de cœur à partager pour cette 53ème édition du Festival Off ?

Cartouche : Ecoute, je n’ai pas vu le spectacle de Gil Alma mais je trouve tellement que ce type est un type de cœur, qu’il est génial… Il y en a pleins des spectacles bien.

Catherine Marchal : Alors, moi, j’en ai un parce que j’y ai un peu participé aussi. Il faut absolument aller voir Noémie de Lattre aux Béliers à 22h20 dans Féministe pour Homme. C’est un monologue sur une féministe qui aime les hommes, qui est sexy, et qui assume tout. On apprend énormément de choses sur les femmes très très intéressantes. Il faut absolument que tous les hommes aillent le voir. C’est à ne pas louper, c’est un spectacle vraiment fabuleux.

Pour conclure, je vous laisse le mot de la fin.

Cartouche : Et bien, tu sais quoi, j’ai faim. On va bien manger.

Catherine Marchal : Soyez heureux car le bonheur est contagieux.

Cartouche : Et demain, on se lève de bonheur.

Un grand merci à Cartouche et à Catherine Marchal d’avoir pris le temps de répondre à mes questions pour Ciné, Séries, Culture.


#DemainJeMeLèveDeBonheur ! (1h15)

  • Auteur : Cartouche, Catherine Marchal et Franck Pelé
  • Metteuse en scène : Catherine Marchal
  • Avec : Cartouche et DJ Neptunian 8

A l’affiche du Théâtre Le Palace à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 14h00 (à l’exception du 16 juillet).

53e Festival Off d'AvignonCartoucheCatherine MarchalDemain je me lève de bonheurFestival Off d'AvignonFestival Off d'Avignon 2018InterviewOff 2018ThéâtreThéâtre Le Palace Avignon
Comments (0)
Add Comment