[OFF 2018] Festival Off d’Avignon 2018 – Le Bilan

Comme vous le savez, Ciné, Séries, Culture était présent à la 53e édition du Festival Off d’Avignon durant une semaine, du 7 au 14 juillet. Durant cette période, je vous ai proposé quotidiennement des comptes rendus de ce que j’avais vu au festival la veille. De nombreuses interviews ont également été mises en ligne les jours suivants. Aujourd’hui, alors que cette édition 2018 est achevée, il est l’heure pour moi de vous dresser un bilan de mon séjour avignonnais.

 

Durant ces sept journées de festival, j’ai pu voir 18 pièces de théâtre, soit un petit peu moins de l’objectif des 20 pièces que je m’étais fixé, mais qui reste néanmoins une bonne moyenne, compte tenu des circonstances dans lesquelles se sont terminées le festival pour ma part. J’ai, en effet, du quitter précipitamment mon logement avant la fin du séjour pour ma sécurité.

J’ai pu également faire 12 interviews qui m’ont permis d’échanger avec des personnes (comédiens, auteurs et metteurs en scène) passionnées et passionnantes.

Aujourd’hui, place au bilan : je vous parle de l’ensemble des pièces que j’ai pu voir en vous faisant part de mes coups de cœur, de mes déceptions, mais aussi de mes regrets avec les pièces que je n’ai pas pu voir.

3 Coups de Cœur

Sur les 18 pièces que j’ai vues, 3 ont particulièrement retenue mon attention, au point de leur attribuer un « Coup de cœur » parce qu’elles m’ont touchées, émues, fait rire, ou pour pleins d’autres raisons encore. Parfois, les coups de cœur, ça ne s’explique pas. Vous voulez savoir de quelles pièces il s’agit ? Vous allez le découvrir tout de suite.

La Machine de Turing (1h20)
  • Auteur : Benoît Solès
  • Metteur en scène : Tristan Petitgirard
  • Avec : Benoît Solès, Amaury De Crayencour

A l’affiche du Théâtre Actuel à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 12h05.
A l’affiche du Théâtre Michel à Paris à partir du 4 octobre 2018, du mardi au samedi à 21h00 et le dimanche à 16h00.

C’est même un énorme coup de cœur que j’ai eu pour La Machine de Turing, dont on devrait réentendre parler très vite à l’issue du festival. Signe qui ne trompe pas, la salle s’est levée d’un seul élan à la fin pour féliciter les deux comédiens sur scène, Benoît Solès (qui est également l’auteur de la pièce) et Amaury De Crayencour.

Saluons la performance remarquable et toute en sensibilité de Benoît Solès dans le rôle d’Alan Turing et du « caméléon » Amaury De Crayencour, qui endosse plusieurs costumes tout au long de l’histoire, du policier qui interroge Alan Turing à l’amant de ce dernier. Et, malgré le sujet sérieux, la pièce n’en oublie pas pour autant d’être drôle. La mise en scène de Tristan Petitgirard est également remarquable : le procédé utilisé avec un écran sur scène fonctionne à merveille.

La Machine de Turing retrace l’histoire vraie du génie mathématicien – encore trop souvent méconnu – Alan Turing qui, grâce à sa fameuse machine – ancêtre de l’ordinateur – a réussi à briser le code de l’Enigma allemande pendant la Seconde guerre mondiale. Condamné par la justice britannique pour homosexualité en 1967, il fut gracié par la Reine Elizabeth II à titre posthume, en 2013, et reconnu héros de guerre 55 ans après sa mort.

Ladies Night (1h40)
  • Auteur : Anthony McCarten, Stephen Sinclair et Jacques Collard
  • Metteuse en scène : Guylaine Laliberté
  • Avec : Pascal Aubert, Matheo Capelli, Marc Diabira, Norbert Haberlick, Jean-Marc Keller, Guylaine Laliberté, Laurent Mentec et Alex Waltz

A l’affiche du Théâtre Notre-Dame à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 21h55.

Une valeur sûre et un incontournable coup de cœur du public pour Ladies Night, la pièce qui a inspirée le film Full Monty.

Déjà montée plusieurs fois en France (Molière de la Comédie en 2001), elle revient ici dans une nouvelle version où le volet social a été remis en avant. Rappelez-vous de l’histoire ? Une bande de copains, ex-mineurs au chômage, qui décident de monter un spectacle de chippendales pour se sortir de la misère dans laquelle ils se trouvent.

Les sept comédiens (Pascal Aubert, Matheo Capelli, Laurent Mentec, Marc Diabira, Norbert Haberlick, Alex Waltz, Jean-Marc Keller) et la comédienne (Guylaine La Liberté, qui met également en scène le spectacle) sont jubilatoires dans ces rôles de « loosers » magnifiques qui, après une longue hésitation, finissent par se lancer dans ce pari complètement fou. En plus d’être touchant, le spectacle nous fait rire aux larmes tout au long des répétitions qui mènent au « show » final. En somme, impossible de résister à Ladies Night, LE spectacle parfait pour passer un bon moment entre ami(e)s et clore une journée de festival dans la joie et la bonne humeur.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de Ladies Night, je vous invite à lire l’interview de Matheo Capelli et Norbert Haberlick.

Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ? (1h25)
  • Auteur : Eric Bu et Elodie Menant
  • Metteur en scène : Johanna Boye
  • Avec : Elodie Menant, Cédric Revollon, Céline Esperin, Marc Pistolesi

A l’affiche du Théâtre du Roi René à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 13h00 (à l’exception du 16 juillet).

« Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? ». Tout le monde connaît cette phrase culte prononcée par Arletty dans Hôtel du Nord en 1938. Mais qui connaît vraiment Léonie Bathiat qui se cachait derrière le pseudonyme d’Arletty ? Et bien, c’est ce que vous propose de découvrir Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ? si vous franchissez les portes des Folies Arletty, dont la maîtresse de cérémonie n’est autre qu’Arletty elle-même, interprétée magistralement par Elodie Menant (qui a également co-écrit le spectacle). La mise en scène de Johanna Boyé est énergique et ne laisse aucun répit aux spectateurs.

Laissez-vous donc porter par ce spectacle musical tourbillonnant qui met en scène, à travers les trois excellents comédiens (Marc Pistolesi, Cédric Revollon et Céline Esperin) qui l’entourent, une galerie d’une quarantaine de personnages sur scène afin de retracer sa vie, de son adolescence jusqu’à son dernier souffle, convoquant tour à tour d’illustres figures tels Louis Jouvet, Marcel Carné, Jacques Prévert, sans oublier ses proches qui l’ont côtoyés tout au long de sa vie.

Pour en savoir plus, je vous invite également à lire l’interview de Marc Pistolesi, un des comédiens de Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ? que vous pouvez également retrouver à l’affiche de Monsieur Ducci.

Les comédies, valeurs sûres du Festival

Parmi la programmation du Festival Off d’Avignon, on retrouvait cette année beaucoup de comédies. Petit tour d’horizon de celles que j’ai pu voir et qui m’ont fait rire à m’en décrocher la mâchoire…mais pas seulement. Parce qu’une bonne comédie se doit également de proposer un fond de réflexion sur le sujet abordé, que ce soit l’amitié, la famille, etc.

Addition (1h30)
  • Auteur : Clément Michel
  • Metteur en scène : David Roussel
  • Avec : Guillaume Bouchède, Stéphan Guérin-Tillié, Clément Michel

A l’affiche du Théâtre des Béliers à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 19h00 (à l’exception des 8, 15 et 22 juillet, représentations supplémentaires les 16 et 23 juillet à 14h00).

C’est dans la grande salle des Béliers pleine à craquer que j’ai découvert la nouvelle comédie à succès de Clément Michel (Le Carton, Une semaine…pas plus). Dans Addition, on retrouve trois quadragénaires partis en week-end ensemble. L’un d’entre eux demande à ses amis de rembourser l’addition qu’il a réglée la veille au restaurant. Mais tout ceci n’est qu’un prétexte pour faire rire le spectateur durant 1h30 tout en lui proposant une réflexion sur nombre de sujets tels que l’amitié, le couple, la fidélité, le rapport à l’argent, etc.

Depuis Le Carton – sa première œuvre -, l’écriture de Clément Michel – bien que toujours aussi drôle – s’est affinée et amène ici une autre dimension à la comédie.

Qui plus est, l’interprétation des trois comédiens (Stephan Guérin-Tillié, Guillaume Bouchède et Clément Michel) est très juste avec ces personnages qui sont tous les trois à un tournant de leur vie.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de Addition, je vous invite à lire l’interview de Stéphan Guérin-Tillié.

Dîner de Famille (1h20)
  • Auteur : Joseph Gallet et Pascal Rocher
  • Metteur en scène : Pascal Rocher
  • Avec : Joseph Gallet (Alexandre), Jean Fornerod (le père), Emmanuelle Gracci (la mère) OU Emmanuel Donzella, Carole Massana, Arnaud Laurent ou Mathieu Coniglio.

A l’affiche du Théâtre Le Palace à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 15h40.
A l’affiche également du Théâtre Edgar à Paris depuis le 16 juin et jusqu’au 31 décembre 2018, une semaine à 19h et l’autre à 21h.

Qui n’a jamais eu l’occasion d’assister à un dîner de famille houleux où les non-dits se sont retrouvés étalés sur la table en plein repas ? Et bien c’est exactement ce qui se passe dans Dîner de Famille lorsque Alexandre se met en tête de réunir ses parents qui ne se sont pas vus depuis plus de 10 ans à l’occasion de ses 30 ans. Entre un père homosexuel présentateur vedette d’une émission de télévision et une mère bourgeoise dont seule la deuxième famille compte, Alexandre n’est pas au bout de ses surprises. Mais, au fil de la soirée, ils vont tenter de rattraper le temps perdu, pour faire plaisir à leur fils…jusqu’à une fin inattendue, mais non moins savoureuse. Les 3 comédiens (Joseph Gallet, Jean Fornerod, et Emmanuelle Gracci) sont excellents et sont pour beaucoup dans la réussite de la pièce.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de Dîner de Famille, je vous invite à lire l’interview de Joseph Gallet (co-auteur et comédien) et Jean Fornerod (comédien)

Si Richard Si (1h15)
  • Auteur : Chloé Lasne et Florence Fauquet
  • Metteur en scène : Clément Pouillot, Chloé Lasne et Florence Fauquet
  • Avec : Florence Fauquet et Chloé Lasne

A l’affiche du Théâtre des Béliers à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 10h30 (à l’exception des 9, 16 et 23 juillet, représentations supplémentaires les 15 et 22 juillet à 19h00).

Si Richard Si, de retour pour la troisième année à Avignon dans une toute nouvelle version, fait maintenant partie des valeurs sûres du Festival Off. Dans le spectacle, Chloé Lasne et Florence Fauquet s’y sont amusées à revisiter de façon burlesque – et avec de l’énergie à revendre – la scène des meurtriers de Richard III de Shakespeare et y mêlent divers arts tels que le théâtre, la danse, le chant, le mime, etc.. Le tout donne un résultat jubilatoire mais non dénué de poésie pour les spectateurs qui se retrouvent embarqués avec ces deux jeunes comédiennes – qui ont décidément beaucoup de talent – dans cette folle aventure !

Si vous voulez en savoir plus au sujet de Si Richard Si, je vous invite à lire l’interview de Florence Fauquet et Chloé Lasne, toutes deux à l’affiche de la pièce, qu’elles ont également écrit et mise en scène.

#DemainJeMeLèveDeBonheur ! (1h15)
  • Auteur : Cartouche, Catherine Marchal et Franck Pelé
  • Metteur en scène : Catherine Marchal
  • Avec : Cartouche et DJ Neptunian 8

A l’affiche du Théâtre Le Palace à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 14h00 (à l’exception du 16 juillet).

#DemainJeMeLèveDeBonheur ! n’est pas un spectacle d’humour traditionnel. Si vous vous attendez à voir un stand-up ou un one-man-show classique, il se peut que vous vous soyez trompé de spectacle. Et pourtant, ça serait dommage de rater ce seul en scène de Cartouche drôle, touchant, plein d’énergie et dont on ressort avec notre dose de bonheur quotidienne. Parce qu’au-delà du rire, dans son nouveau spectacle, Cartouche montre toute l’étendue de son talent (de l’humour à la danse, en passant par le mime), mais sait aussi prendre son temps pour nous émouvoir et nous donner à voir sa vision du bonheur.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de #DemainJeMeLèveDeBonheur !, je vous invite à lire l’interview de Cartouche et de Catherine Marchal (qui le met en scène).

Mention Bien

Parmi les 18 pièces vues, en plus des 3 coups de cœur et des comédies ci-dessus que j’ai beaucoup appréciées, j’ai eu la chance de voir de très belles pièces. Je vous propose de découvrir tout de suite quelles sont celles qui ont obtenues la mention bien.

 Jules et Marcel (1h20)
  • Auteur : Pierre Tré-Hardy
  • Metteur en scène : Nicolas Pagnol
  • Avec : Frédéric Achard, Gilles Azzopardi et Christian Guérin

A l’affiche du Théâtre Le Petit Chien à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 12h40 (à l’exception des 11, 18 et 25 juillet).

Quand les correspondances de deux monstres du cinéma, Marcel Pagnol et Jules Raimu, se retrouvent réunies pour en faire une pièce de théâtre par Pierre Tré-Hardy, ça donne Jules et Marcel. Les trois comédiens (Fred Achard dans le rôle de Raimu, Christian Guérin dans le rôle de Marcel Pagnol et Gilles Azzopardi, qui joue plusieurs rôles en plus d’être le narrateur de la pièce) – tous impeccables – nous replongent avec bonheur, rires et nostalgie dans les longues conversations littéraires des deux hommes, depuis leur rencontre à Paris jusqu’à la mort de Raimu. Qui plus est, la mise en scène de Nicolas Pagnol – le petit-fils de Marcel – donne une dimension encore plus symbolique à l’ensemble.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de Jules et Marcel, je vous invite à lire l’interview des 3 comédiens de la pièce : Frédéric Achard, Gilles Azzopardi et Christian Guérin.

Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué (1h10)
  • Auteur : Howard Buten
  • Metteur en scène : Damien Bricoteaux
  • Avec : Robin Causse, Jules Martin

A l’affiche du Théâtre des Béliers à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 15h35 (à l’exception des 9, 16 et 23 juillet, représentations supplémentaires les 15 et 22 juillet à 20h50).

Qui ne connaît pas Quand j’avais 5 ans, je m’ai tué le livre d’Howard Buten, déjà adapté en film en 1994 ? Cette année, les spectateurs avignonnais ont pu découvrir la version théâtrale adaptée par Damien Bricoteaux au Théâtre des Béliers. Saluons la performance remarquable de Robin Causse (comédien) et de Jules Martin (danseur), deux talents pour un seul rôle. Quand le premier se glisse dans la peau de ce petit garçon de 5 ans de manière bouleversante, l’autre exprime par le biais de la danse ses émotions intérieures. Grâce à leurs talents réunis ce texte poignant prend tout son sens pour nous offrir un moment de grâce.

Récréation (1h30)
  • Auteur : Sam Azulys et Arnaud Bertrand
  • Metteur en scène : Dominique Guillo
  • Avec : Aurélien Recoing, Florence Darel, Fabio Zenoni, Brice Hillairet, Alysson Paradis

A l’affiche du Théâtre du Chêne Noir à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 16h30 (à l’exception des 9, 16 et 23 juillet).

C’est dans le cadre prestigieux du Chêne Noir que j’ai pu découvrir Récréation, la pièce mise en scène par Dominique Guillo, et qui regroupe un casting 5 étoiles. La pièce, qui s’interroge sur le rapport entre le pouvoir de l’argent (peut-on tout acheter ?) et la liberté artistique, propose également de s’attacher au fameux sujet du « théâtre dans le théâtre ». Le texte – quelque peu déstructuré – plonge parfois le spectateur dans le doute, mais finit néanmoins par le happer. Si l’on est parfois un peu dérouté par les nombreux changements entre la pièce et la mise en abîme théâtrale, la mise en scène fluide et maîtrisée de Dominique Guillo permet toujours au spectateur de s’y retrouver. Les comédiens sont excellents et l’ensemble nous offre un beau moment de théâtre avec cette confrontation entre le monde des affaires et le milieu artistique.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de Récréation, je vous invite à lire l’interview de Dominique Guillo, le metteur en scène.

Zorba (1h25)
  • Auteur : Nikos Kazantzakis, Eric Bouvron
  • Metteur en scène : Eric Bouvron
  • Avec : Moussa Maaskri, Eric Bouvron, Isabelle Andréani, Alexandre Blazy, Vanessa Kryceve, Katerina Fotinaki

A l’affiche du Théâtre Actuel à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 17h15 (à l’exception du 16 juillet).

Avec sa mise en scène, Eric Bouvron nous propose un véritable voyage en Crète dans Zorba. La présence sur scène d’une musicienne (Katerina Fotinaki) contribue également à cette évasion. Moussa Maaskri, avec sa gouaille naturelle, est impressionnant en Zorba, bien loin des rôles dans lesquels on a pu le voir au cinéma ces dernières années. A ses côtés, Eric Bouvron, incarne avec une grande justesse, Nikos, jeune patron de Zorba, à qui ce dernier apprend à savourer l’instant présent, tandis que Alexandre Blazy, en plus d’interpréter un crétois cruel, est hilarant dans ses rôles d’animaux.

Point d’interrogation (1h00)
  • Auteur : Stefano Massini
  • Metteuse en scène : Irina Brook
  • Avec : Kevin Ferdjani, Marjory Gesbert, Issam Kadichi, Irène Reva

A l’affiche du Théâtre des Carmes du 6 au 24 juillet 2018 à 21h30, uniquement les jours pairs (à l’exception du 12 juillet)

Dans Point d’Interrogation, quatre jeunes personnages se retrouvent convoqués dans le musée de l’imaginaire et, dans un délai imparti, doivent répondre aux questions qu’une voix-off leur pose pour dire comment ils imaginent le futur. Interprétée par une jeune troupe dynamique et menée tambour battant (1h), cette pièce originale – et drôle – ne laisse pas indifférent et nous amène nous aussi à nous questionner sur le thème du futur. La mise en scène d’Irina Brook, énergique et très visuelle, contribue également au résultat.

Signé Dumas (1h25)
  • Auteur : Cyril Gély, Eric Rouquette
  • Metteur en scène : Tristan Petitgirard
  • Avec : Davy Sardou, Xavier Lemaire, Thomas Sagols

A l’affiche du Théâtre Actuel à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 10h15 (à l’exception du 16 juillet).
A l’affiche du Théâtre de la Bruyère à Paris à partir du 12 septembre 2018, du mardi au samedi à 21h00 (représentation supplémentaire le samedi à 15h30).

Signé Dumas nous plonge dans le cabinet de travail d’Alexandre Dumas où, pendant qu’Auguste Maquet s’échine à écrire des chapitres du prochain roman de l’écrivain, ce dernier ne se soucie que de l’avancée des travaux de son château. La querelle qui survient entre les deux finit par pousser les deux hommes à se disputer la paternité des plus grands succès d’Alexandre Dumas. Belle performance d’acteurs pour Xavier Lemaire et Davy Sardou qui nous offrent un beau duel entre Alexandre Dumas et Auguste Maquet, dans une belle mise en scène de Tristan Petitgirard.

De l’émotion et de la sensibilité

Parmi les 18 pièces auxquelles j’ai assistées – dans des registres très différents -, trois sont à classer dans la catégorie des pièces particulièrement émouvantes. Je vous propose maintenant de découvrir quelles sont celles qui jouent avec les émotions des spectateurs.

 Les Vies de Swann (1h15)
  • Auteur : Marc Citti
  • Metteur en scène : Marc Citti
  • Avec : Elisabeth Vitali, Marion Harlez-Citti, Arnaud Dupont et Marc Citti

A l’affiche du Théâtre du Girasole à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 18h15 (à l’exception des 9, 16 et 23 juillet).

Les Vies de Swann est une pièce drôle, sensible, originale et émouvante qui clôt le triptyque entamé par l’auteur avec Kiss Richard en 2013. Dans ce troisième volet, l’auteur à succès Mathieu Scarifi (interprété par l’auteur et le metteur en scène Marc Citti) est devenu le père d’un petit garçon, Swann, qui a le pouvoir de se projeter dans l’avenir en inventant des scènes du futur – parfois drôle, parfois tragique – qu’il joue chaque nuit avec son père. Arnaud Dupont est excellent dans le rôle de ce petit garçon.

Les Vies de Swann a reçu le label Coup de cœur du Festival Off 2018 décerné par les membres du Club de la Presse du Grand Avignon – Vaucluse.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de la pièce Les Vies de Swann, je vous invite à lire l’interview de Marc Citti, qui est l’auteur, le metteur en scène et l’un des comédiens de la pièce.

Au Début (1h25)
  • Auteur : François Bégaudeau
  • Metteuse en scène : Panchika Vélez
  • Avec : Rachel Arditi, Nathalie Cerda, Marie Ruggeri, Eric Savin

A l’affiche du Théâtre Le Petit Louvre à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 12h40 (à l’exception des 11, 18 et 25 juillet).
A l’affiche ensuite du Théâtre du Petit Montparnasse à Paris à partir du 6 septembre, du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 15h.

Au Début met en scène trois femmes et un homme, d’âges et de milieux sociaux différents, qui évoquent leur vie, de leur désir de maternité ou de paternité, jusqu’à la naissance de l’enfant. Tous ont des parcours différents et personne n’en est au même stade dans son désir d’enfant. Les récits de chacun se croisent et s’entremêlent, sans jamais nous perdre en chemin, grâce à un magnifique texte de François Bégaudeau – adapté de son livre du même nom – servi à merveille par les quatre comédiens sur scène et la mise en scène de Panchika Velez.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de Au Début, je vous invite à lire l’interview de Eric Savin, un des comédiens de la pièce.

Belle-fille (1h10)
  • Auteur : Tatiana Vialle
  • Metteuse en scène : Tatiana Vialle
  • Avec : Maud Wyler, Antoine Prud’homme de la Boussinière

A l’affiche du Théâtre Le Petit Louvre à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 20h25 (à l’exception des 11, 18 et 25 juillet)

Belle-fille fait partie des pièces que je n’avais pas prévue d’aller voir, parce que parmi les 1538 spectacles proposés, il y en a forcément quelques-uns qui nous échappent lorsque l’on fait notre sélection. C’est donc au hasard d’une rencontre que je me suis laissée tenter par cette pièce et je ne l’ai absolument pas regrettée.

Belle-fille, c’est d’abord l’histoire vraie de son auteur, Tatiana Vialle, qui explore la relation qu’elle a pu avoir avec son beau-père, Jean Carmet, passant d’un homme « entré par effraction » dans sa vie alors qu’elle n’avait que 5 ans, jusqu’à finalement devenir un pilier de son existence. Grâce à l’interprétation magnifique de Maud Wyler, toute en délicatesse, à fleur de peau, le spectateur parvient sans peine à s’immiscer dans le récit intime à la dimension universelle de cette famille recomposée.

 Les déceptions

 Dans le lot, il y a forcément eu quelques déceptions. Mais sur les 18 pièces que j’ai pu voir, il y en a seulement deux qui ont atterri dans cette catégorie. Je vous explique tout de suite pourquoi.

Meurtre Mystérieux à Manhattan (1h25)
  • Auteur : Elsa Royer, Woody Allen
  • Metteuse en scène : Elsa Royer
  • Avec : Virginie Lemoine, Patrick Braoudé, Gaëlle Billault-Danno, Benjamin Boyer, Catherine Hosmalin, Luc Gentil

A l’affiche du Théâtre Actuel du 6 au 29 juillet 2018 à 15h25 (à l’exception du 17 juillet)

Meurtre Mystérieux à Manhattan restera vraiment comme ma plus grosse déception de ce festival et ce pour plusieurs raisons : un casting 5 étoiles, une adaptation d’un film de Woody Allen et surtout un énorme bouche-à-oreille avec une – longue – liste d’attente chaque jour devant le théâtre ont fait que je m’attendais à voir une des meilleures pièces du Festival Off 2018. Et c’est, au final, tout l’inverse qui s’est produit. Malgré le casting, j’ai trouvé que la pièce manquait de rythme et que l’ensemble manquait de cohérence (dû aux nombreuses coupes effectuées dans l’histoire), perdant souvent le spectateur en route. Reste néanmoins l’atout comique de la pièce servi parfaitement par le duo Patrick Braoudé – Virginie Lemoine.

Cyclone (1h15)
  • Auteur : Michèle Césaire
  • Metteur en scène : William Mesguich
  • Avec : Thierry Ragueneau, Odile Pedro Leal, Jean-Bernard Ekam-Dick

A l’affiche du Théâtre du Rempart à Avignon du 6 au 28 juillet 2018 à 18h50 (à l’exception des 11 et 17 juillet).

Cyclone met en scène un couple usé : Horace est un photographe raté qui travaille comme journaliste dans un journal pas très recommandable par dépit, Clara est une comédienne un peu ratée aussi qui attend le rôle de sa vie. Un couple, deux artistes « ratés » dont le quotidien va être bouleversé par l’arrivée d’un troisième personnage, Antoine, leur nouveau voisin, un jeune peintre plein d’envie et de talent. Aux Antilles, un cyclone est annoncé. A Paris, le cyclone c’est lui. Va-t-il faire voler en éclat le couple ? Les réunir ? Thierry Ragueneau qui joue Horace est excellent dans ce rôle d’homme aigri, égoïste, bien loin des rôles dans lesquels on a l’habitude de le voir. Mais l’ensemble, et notamment le texte – bien que très beau – est trop déroutant pour parvenir à accrocher le spectateur, qui se perd souvent d’une scène à l’autre.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de Cyclone, je vous invite à lire l’interview de Thierry Ragueneau.

Les pièces déjà vues (et qui étaient de retour cette année)

 Dans ce programme du Festival Off d’Avignon 2018, j’ai pu remarquer la présence de trois pièces que j’avais déjà eu le plaisir de voir précédemment et que j’avais beaucoup apprécié.

Monsieur Ducci (1h10)
  • Auteur : Didier Landucci, Jean-Marc Michelangeli, Hervé Christianini et Marc Pistolesi
  • Metteur en scène : Jean-Marc Michelangeli
  • Avec : Marc Pistolesi

A l’affiche du Théâtre Arto à Avignon du 6 au 28 juillet 2018 à 15h50 (à l’exception des 11 et 18 juillet).

Si Monsieur Ducci avait déjà été joué par Marc Pistolesi il y a quelques années au Théâtre des Béliers, c’est dans une toute nouvelle version que la pièce a été présentée cette année au Théâtre Arto. Je n’ai malheureusement pas pu aller la voir, mais je garde un excellent souvenir de cette « fantaisie burlesque ». Marc Pistolesi – seul sur scène, avec son balai et une sonnette – offre au spectateur 1h10 de pure folie – et sans temps mort – grâce à son talent conjugué à un comique de situation à mourir de rire.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de Monsieur Ducci, je vous invite à lire l’interview de Marc Pistolesi, comédien et producteur de la pièce

Camille Contre Claudel (1h20)
  • Auteur : Hélène Zidi
  • Metteuse en scène : Hélène Zidi
  • Avec : Hélène Zidi, Lola Zidi et la voix de Gérard Depardieu

A l’affiche du Théâtre du Roi René à Avignon du 5 au 29 juillet 2018 à 16h35 (à l’exception du 10 juillet).

Camille contre Claudel se jouait pour la troisième année consécutive au Théâtre du Roi René à Avignon, cette fois-ci dans la grande salle. Comme Monsieur Ducci, je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de découvrir la nouvelle version cette année, mais la pièce avait été l’un de mes deux coups de cœur (avec Résistantes) quand je l’avais vu lors de sa création en 2016. La pièce propose un face à face étonnant entre une Camille Claudel jeune – en pleine folie créatrice – et une Camille Claudel âgée – déjà internée depuis de nombreuses années. Les deux comédiennes – Lola Zidi et Hélène Zidi (qui a également écrit et mis en scène la pièce) – proposent une performance bouleversante et d’une intensité rare en se donnant corps et âme pour faire revivre Camille Claudel aux yeux des spectateurs.

Si vous voulez en savoir plus au sujet de Camille Contre Claudel, je vous invite à lire l’interview de Hélène et Lola Zidi.

Trahisons (1h20)
  • Auteur : Harold Pinter
  • Metteur en scène : Christophe Gand
  • Avec : Gaëlle Billault-Danno, François Feroleto, Yannick Laurent, Vincent Arfa

A l’affiche du Théâtre Buffon du 6 au 29 juillet 2018 à 19h55.

Contrairement aux deux pièces citées précédemment, ce n’est pas à Avignon mais à Paris que j’ai découvert Trahisons et plus précisément au Théâtre Le Lucernaire en début d’année. Mise en scène par Christophe Gand, cette pièce de Harold Pinter joue à sa manière avec les codes du vaudeville puisqu’on y retrouve notamment les ressorts traditionnels du triangle amoureux, mais utilise un procédé peu commun au théâtre à savoir que l’intrigue est exposée à rebours, façon puzzle. Le texte est subtil et l’interprétation des comédiens et la mise en scène est efficace.

Les regrets (les pièces que je n’ai pas pu voir)

Avec 1538 spectacles, il est difficile de tout voir. Il faut parfois faire des choix très difficiles – et renoncer à certaines pièces que l’on avait pourtant prévu de voir – à cause d’un emploi du temps qui n’est malheureusement pas extensible. Ce sont les trois pièces suivantes qui en ont fait les frais.

 Adieu Monsieur Haffmann (1h30)
  • Auteur : Jean-Philippe Daguerre
  • Metteur en scène : Jean-Philippe Daguerre
  • Avec : Charles Lelaure, Alexandre Bonstein, Julie Cavanna, Jean-Philippe Daguerre, Franck Desmedt, Charlotte Matzneff, Salomé Villiers

A l’affiche du Théâtre du Roi René à Avignon du 6 au 29 juillet 2018 à 11h.
A l’affiche du Théâtre Rive Gauche à Paris à partir du 19 octobre 2018, du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 17h30.

Après son triomphe lors de la dernière édition des Molières dont elle est repartie avec quatre statuettes, Adieu Monsieur Haffmann a été victime de son succès et affichait complet durant tout le festival. Alors que je l’avais déjà ratée les deux années précédentes, c’est vraiment mon gros regret de ce festival 2018. J’espère pouvoir me rattraper cet automne lors de mon prochain séjour parisien…

 Anquetil tout seul (1h20)
  • Auteur : Paul Fournel
  • Metteur en scène : Roland Guenoun
  • Avec : Matila Malliarakis, Clémentine Lebocey, Stéphane Olivié Bisson

A l’affiche du Théâtre des 3 Soleils du 6 au 29 juillet 2018 à 10h30 (à l’exception des 9, 16 et 23 juillet)

J’ai entendu beaucoup de bien de Anquetil tout seul durant toute ma semaine au festival, que j’avais en plus prévu d’aller voir durant ma dernière journée parce que je suis une passionnée de cyclisme (que je pratique depuis mon plus jeune âge). Malheureusement, le vendredi 13 ne m’a jamais porté chance et cela s’est encore confirmée puisque c’est un imprévu de dernière minute qui m’a contraint d’annuler ma présence à cette représentation. Peut-être aurais-je l’occasion de me rattraper l’année prochaine ?

Suite Française (1h15)
  • Auteur : Irène Némirovsky
  • Metteuse en scène : Virginie Lemoine
  • Avec : Florence Pernel, Béatrice Agenin, Christiane Millet, Samuel Glaumé, Emmanuelle Bougerol, Cédric Révollon

A l’affiche du Théâtre du Balcon du 6 au 28 juillet 2018 à 19h00 (à l’exception des 10, 17 et 24 juillet)

Mon dernier regret de ce festival Off 2018 concerne Suite Française, adaptée du roman du même nom (qui avait déjà lui-même été adapté en film récemment) écrit par Irène Némirovsky. Pour cette pièce, la faute est clairement un problème d’emploi du temps avec de nombreuses pièces programmées durant le même créneau horaire. Et je le regrette d’autant plus que Béatrice Agenin et Florence Pernel sont deux comédiennes que j’apprécie tout particulièrement. Comme les deux pièces précédentes, j’espère avoir l’occasion de rattraper mon « oubli » dans les mois à venir.

Rendez-vous en 2019

C’en est – enfin – terminé pour ce tour d’horizon du Festival Off d’Avignon 2018. J’espère que vous avez aimé les publications relatives à cet événement. N’hésitez pas à me dire dans les commentaires quelles sont les pièces que vous avez vues durant cette 53ème édition du Festival Off.

Pour les fans de théâtre, je vous donne d’ors-et-déjà rendez-vous en juillet 2019 pour la 54e édition du Festival Off d’Avignon. En attendant, n’hésitez pas à revenir régulièrement sur le site pour découvrir pleins d’autres articles relatifs au théâtre, mais également au cinéma, aux séries, à la littérature, à la musique ou bien encore aux jeux vidéos. Après une petite pause durant les premiers jours d’août, le rythme va redevenir plus régulier d’ici peu avec de nombreux articles à venir.

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