[Interview] Ludovic Berthillot : « Un comédien, c’est fait pour prendre des risques »

A l’occasion des 15 ans des Hérault du Cinéma et de la Télé, j’ai pu aller à la rencontre de Ludovic Berthillot, comédien mais aussi scénariste et réalisateur, qui revient pour Ciné, Séries, Culture sur son parcours et nous en dit plus sur son actualité, puisqu’il est notamment à l’affiche en ce moment du film Le Doudou, réalisé par Philippe Mechilsen et Julien Hervé.

 

Bonjour Ludovic, cette année les Hérault du Cinéma et de la Télé fêtent leur 15ème anniversaire. Vous êtes un habitué du festival où vous êtes déjà venu présenter plusieurs films.

Oui, je suis venu plusieurs fois effectivement. Honnêtement, sur les 15 éditions, je ne suis pas venu 1 fois, mais j’ai dû venir au moins 10 ou 11 fois pour présenter des films, que ce soit des courts-métrages ou des longs-métrages. A chaque fois, Patrick Jorge me fait venir et c’est plutôt sympathique.

Justement, qu’appréciez-vous dans ce festival ?

Maintenant, c’est un peu devenu la famille. Déjà, ce que j’aime, c’est qu’on est proche des gens, du public. Là, par exemple, il y a eu une projection de Mission Pays Basque et juste après tu peux discuter avec eux. Souvent, quand tu fais des films, tu vas à une projection équipe et tu ne vas pas voir le film quand il est à l’affiche au cinéma donc tu n’as jamais le retour du public. Alors que là, les gens sortent d’une projection, tu les croises dans le Palais des Congrès et ils te disent « Super, j’ai adoré le film » ou alors « Ca, je n’ai pas trop aimé », donc tu as un vrai rapport avec eux.

Ce qui est un peu dommage au cinéma, c’est qu’on n’a jamais ce rapport-là. On l’a au théâtre, mais on ne l’a pas au cinéma où on ne voit jamais les gens.

Affiche 15ème édition des Hérault du Cinéma et de la Télé

Cela fait maintenant plus de vingt ans que vous êtes acteur. Comment est né cette vocation ?

Je suis arrivé à Paris en 1998. On est en 2018, ça fait donc pile 20 ans. Avant d’être comédien, j’ai travaillé au Club Méditerranée pendant 10 ans où j’ai rencontré Elie Kakou qui était un très bon copain à moi. Moi, j’étais beaucoup sur scène car au Club Med j’étais moniteur de tennis pour commencer. Puis après j’ai été responsable tennis, responsable des sports et là-dedans tu fais beaucoup d’animations. La scène me plaisait énormément et Elie me disait « Viens à Paris ».

Quand je suis arrivé à Paris fin 1997, il est mort 6 mois après en juin 1998. Mais je suis resté à Paris et je suis rentré chez Canal + quasiment tout de suite derrière avec une émission qui s’appelait Fallait pas l’inviter avec Michel Muller et j’ai débuté comme ça. Mais c’est le Club Med qui m’a vraiment donné envie de rester sur scène.

Vous alternez régulièrement entre films d’auteurs et films dit « grand public ». Cette diversité, est-ce important pour vous ?

Honnêtement, je vais te dire la vérité, c’est pas du tout un choix. C’est-à-dire qu’au début j’ai beaucoup travaillé chez Europacorp quand je suis arrivé à Paris. J’ai fait des films comme Banlieue 13, Wasabi, mais aussi Tais-toi produit par UGC avec Gérard Depardieu. Ce sont des films qu’on appelle « grand public ».

Et après j’ai découvert un peu le cinéma dit « d’auteur » avec Alain Guiraudie sur Le Roi de l’Evasion où je jouais un homo aux côtés de Hafsia Herzi. Un très beau film. Ce film là et le fait d’avoir été à Cannes avec Alain m’a ouvert pas mal de portes. Après, j’ai bossé avec Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon sur certains films, avec Emilie Deleuze, avec des gens comme ça.

Moi j’aime bien alterner, j’aime pas qu’on soit dans des clichés ou dans des portes fermées. Un comédien, c’est fait pour prendre des risques. Quand je dis prendre des risques c’est entre guillemets. Pour moi, ceux qui prennent des risques, ce sont les chirurgiens, les gens comme ça. Quand je dis prendre des risques, c’est vraiment au niveau de son métier, de ne pas s’enfermer dans ce qu’on sait faire ou ce qu’on a envie de faire. C’est aller voir un petit peu en dehors des sentiers battus ce qui se passe. C’est ça qui est important. Et quand on me propose des scénarios un peu différents, je suis heureux. Parfois, il y en a qui se plaignent en disant « Oui mais on ne me propose rien de bien » mais quand on leur propose des trucs différents ils ne le font pas.

Là on me propose un film qui s’appelle Les Mignonnes de Thierry Sebban où, à la fin, je vais me déguiser en majorette. J’ai adoré. Je me rase les jambes et je fais une majorette. C’est rare qu’on me propose ça mais c’est top.

Vous êtes actuellement à l’affiche du film Le Doudou qui est sortie en salles le mercredi 20 juin 2018. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce film et sur votre rôle ?

Moi, je fais le rôle de Fred. Fred c’est un concierge. Il y a Malik Bentalha qui est dans le film avec Kad Merad et ils viennent dans ma loge car la fille chez qui il vivait l’a foutu dehors et on est un peu mal à l’aise de lui expliquer ça. Elle est en train de prendre l’avion pour partir sur l’île de la Réunion et lui il vient récupérer ses affaires. Donc c’est le rôle d’un concierge, c’est Philippe Mechelen qui m’avait demandé de venir faire un petit truc sur le film. Et Kad Merad est un ancien du Club Med aussi donc ça m’a fait plaisir de le retrouver là-dessus. C’est un très joli film Le Doudou. Au début, on se dit « Tiens, un film sur un doudou, est-ce que ça va tenir une heure et demie ? ». Mais ça tient vraiment une heure et demie, c’est rythmé et c’est plutôt sympathique.

En parallèle de votre carrière de comédien, vous avez également réalisé plusieurs courts-métrages.

J’ai réalisé 3 courts-métrages et un programme court effectivement. Et j’essaye de monter mon premier long-métrage en tant que metteur en scène.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer derrière la caméra ?

L’envie de raconter des histoires. Pas l’envie de m’écrire des rôles parce que dans les films que j’ai écrit, je ne me suis écrit aucune histoire. Enfin, je ne joue pas dedans. C’est vraiment l’envie de raconter des histoires et moi je suis vraiment amoureux des comédiens et des comédiennes. J’avais vraiment envie de partager ça avec eux. Ma plus grosse émotion, c’est quand je suis derrière mon petit combo, que j’ai écrit une histoire et que les comédiens et les comédiennes sont en train de le jouer devant moi. C’est vraiment un chouette truc. Donc, c’est cette envie de raconter des histoires.


Entre midi et deux (2006) réalisé par Ludovic Berthillot

Comme vous le disiez juste avant, j’avais cru comprendre qu’un long-métrage était en préparation. Où en est ce projet ?

Oui, un long-métrage qui s’appelle Gang de Femmes, tout à fait. Avec Hafsia Herzi, Delphine Depardieu, Marius Colucci, Firmine Richard, Samy Seghir. Un joli casting.

Votre prochaine actualité concerne le théâtre où vous allez bientôt jouer Second Rôle.

Ce qui s’est passé, c’est que là j’ai Le doudou qui est sorti, j’ai le film de Julien Hallard qui est sorti il y a un mois qui s’appelle Comme des garçons sur le foot féminin dans les années 1970, j’ai aussi un film qui va sortir au mois de novembre qui s’appelle Sun de Jonathan Desoindre. Et, à côté de ça, j’avais très envie de revenir sur les planches. J’avais fait un premier spectacle qui s’appelait Avec plaisir et là je reviens sur un autre spectacle qui s’appelle Second Rôle : Dans l’ombre des grands écrit par Jean-Philippe Zappa et Pierre Delavène, mis en scène par Gérard Moulévrier, un de nos plus grand directeur de casting. Et j’avais vraiment envie de parler du cinéma français, de faire un spectacle sur les seconds rôles. Donc on commence les répétitions au mois de septembre, moi je vais apprendre le texte en juillet / août, et je pense qu’on sera prêts au mois d’octobre dans les théâtres parisiens.

Avez-vous d’autres projets qui se profilent à l’horizon ?

Alors, pour l’instant il y a d’autres projets, notamment le film de Thierry Sebban dont je t’ai parlé qui s’appelle Les Mignonnes et il y a encore 2 ou 3 autres projets cinéma qui sont en train d’arriver dans les tuyaux comme on dit.

Pour conclure, je vous laisse le mot de la fin.

Le mot de la fin, c’est encore une fois que je suis très heureux d’être aux Hérault du Cinéma et de la Télé. A chaque fois, il y a vraiment une bonne ambiance. Ça fait plaisir de se retrouver tous ensemble, d’être là. Le métier d’acteur, c’est un métier où il faut se serrer les coudes, où parfois il y a un peu besoin aussi d’insouciance, de folie, un peu de rencontres et à Agde je trouve qu’on arrive à cumuler tout ça et c’est très sympathique.

Un grand merci à Ludovic Berthillot d’avoir accepté de répondre à mes questions pour Ciné, Séries, Culture.

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